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PEROU, PERUANOS Y PERUANAS





Par Michaël Wittmer  (Pseudo RP : Mik67) 
 

Sa galerie RP : http://www.reflexphoto.eu/album_personal.php?user_id=534
Sa page flickr : https://www.flickr.com/photos/michaelwittmer/
 

28 décembre 2010. Atterrissage à Lima. Nous sommes prêts pour un mois de voyage à travers plusieurs régions du pays. Au programme : le sud-ouest, le sud-est, la cordillère blanche et bien sûr la mégalopole Liménienne, cette fourmilière de presque 10 millions d’individus.



Lima, et le Pérou, c’est tout d’abord des déplacements. Et des véhicules, de nombreux véhicules. Il y a des bus de toutes les dimensions, et de toutes les couleurs : des grands bus, des moyens bus appelés « custers », des petits bus nommés « combis ». Les itinéraires de ces bus sont peints sur la tôle. Mais il arrive que les inscriptions ne correspondent plus aux trajets effectués. C’est pourquoi il existe des « cobradors ». Ces hommes, postés à la porte entrouverte du véhicule, crient le nom des destinations. Ils accompagnent la montée des passagers dans l’engin et vendent les tickets de transports. Ils ont une rapidité d’élocution très impressionnante pour annoncer les destinations.
Aux bus se mêlent les voitures taxis, les officiels et les non-officiels, mais aussi les motos-taxi, surmontées de cabines. Tout cela forme un joyeux brouhaha et beaucoup, beaucoup de pollution.



Lima est une ville construite dans le désert, son air est chargé de sable et lorsqu’il fait chaud, il est irrespirable.


 
Aux quartiers riches du centre-ville, se succèdent des quartiers de classe moyenne, mais surtout, des « pueblos jovenes », ou bidonvilles. Les maisonnettes des « pueblo jovenes » sont construites à l’aide de palettes de bois récupérées sur le port liménien. Les infrastructures sont rares dans ces quartiers. On trouve par-ci, par-là, un terrain de jeu, une route principale macadamisée, mais pour l’essentiel ce sont des routes caillouteuses ou sablonneuses. La majorité de ces habitations disposent de
l’électricité, mais l’eau courante se fait plus optionnelle : des camions citernes se chargent d’amener l’eau de la semaine et la déposent dans de grands bidons auprès des maisons.



Première escale pour nous : Cuzco, le nombril du monde.



Pour se rendre de Lima à Cuzco 25 heures de bus sont nécessaires. La plupart des routes sont aménagées, mais une partie reste cahoteuse et les voyages sont très fatigants. Les pannes mécaniques ou surchauffes du moteur ne sont pas rares et parfois l’attente de la réparation, en bord de route, est interminable !



Comme de nombreuses villes au Pérou, Cuzco possède une place centrale, « una plaza de Armas » où trônent l’église et les monuments officiels. Les tenues vestimentaires des habitants sont plus traditionnelles qu’à Lima, la modernité se fait discrète, les femmes portent le chapeau régional et les tresses. Vendeuses de fruits et légumes, vendeuses de graines, vendeuses de balais et de seaux, de bric et de broc, le temps paraît long aux coins des étals, les nez piquent vers le bas, l’ennui pointe.



 

 
 


Cuzco est à quelques kilomètres du site le plus visité du Pérou : Le Machu Picchu. Pour se rendre à Aguas Calienes, le village au pied du Machu, le voyageur possède deux possibilités : il peut prendre le train (assez onéreux), ou bien la voie chaotique du taxi puis de la marche le long des rails.



Nous avons choisi l’option « désordre et secousses » pour nous rendra à Agua Calientes. Nous avons d’abord dû prendre un combi jusqu’à Santa Theresa, une petite ville très étrange. Au marché, les vendeurs étaient plus nombreux que les clients. Les stands étaient des bâches posées à même le sol et les marchandises se comptaient sur les doigts d’une main. L’un vendait quelques pommes de terre, le suivant un peu de haricots, l’autre quelques grammes de riz. Ambiance singulière, marché calme, vide et accablé par la chaleur.



Nous avons poursuivi notre route avec un taxi pour se rendre jusqu’au barrage d’Hydroelectrica.


 

Le jeune chauffeur (qui avait sûrement moins de 18 ans) a emprunté des chemins que nous n’aurions jamais imaginé, même dans les rêves les plus fous, traverser en voiture. Le bas de caisse frottait la végétation, le précipice était proche. Nous étions 8 dans la voiture. Les 3 heures de marche qui nous restait à faire pour atteindre Aguas Calientes, village encastré dans la montagne, ont été, face à cela, des plus reposantes.





Aux alentours de Cuzco se trouvent d’autres sites archéologiques remarquables. Après être rentrés en train du Machu Picchu nous nous sommes rendus, à pied, dans les salines de Maras et les constructions en cercle de Moray. La route fut emplie de rencontres et de découvertes. Le village de Maras, habité mais paraissant désert, nous a fait plonger dans l’ambiance d’un Western. Dans les champs, plusieurs paysans et enfants s’occupaient des animaux de ferme. La plus petite devait avoir 6 ans à peine et était chargée de mener 3 ânes à bon port. Au Pérou les enfants travaillent dès leur plus jeune âge. Les jeux et jouets sont peu fréquents. Sacs plastiques et bâtons font l’affaire pour fabriquer un cerf-volant ou s’imaginer avec une épée. Le développement des capacités cognitives par la pédagogie du jeu est peu répandu. La priorité est de travailler. Le jeu n’est perçu que comme un passe-temps.


Cuzco est une ville déroutante. Ses toits couleurs brique et ses petites maisons font penser aux villages italiens, ou aux hameaux provençaux. Ses ruelles très escarpées posent problème aux voyageurs. A 3 400 mètres d’altitude l’air vient vite à manquer lors du moindre effort. Les cuisses s’échauffent et un verre de bière fait tourner la tête aux plus résistants.
Les vendeurs à la sauvette, d’artisanat ou de cigarette, sont nombreux dans cette ville. Régulièrement de jeunes européens venus vivre une aventure sud-américaine s’y installent pour quelques temps et travaillent dans les bars cuzquéniens.




Cuzco est une ville festive et vivante. Les fêtes traditionnelles s‘y succèdent, proposant aux yeux des curieux et de la population des défilés colorés, tout en chant et en danses.





Enchantés par cette ville, nous avons fait le choix d’y passer une dizaine de jours. Les balades à Cuzco et aux alentours nous on fait découvrir les scissions entre le patrimoine inca et les constructions contemporaines, entre les populations citadines et les populations rurales très désargentées. Cuzco donne une image de la complexité du Pérou, pays de contrastes et d’oppositions.

Rendez-vous sur le Lac Titicaca.

Après quelques échanges d’e-mails, Abraham, habitant les iles Uros, est venu nous chercher à Puno, au bord du Lac Titicaca. Nous sommes allés dormir sur les iles, avec lui et sa famille, pour une nuit.



Les îles Uros flottent, elles sont faites d’un amas de totora (joncs) et de terre.
Les îles ouvertes aux touristes paraissent développées, elles sont équipées en électricité et même en toilettes chimiques. Lorsqu’on y débarque, on pourrait se croire à Disneyland, les hommes et les femmes sont en habits traditionnels colorés, et semblent jouer un rôle…



Pourtant ce n’est qu’un village Potemkine, car, juste un peu plus loin, la majorité des îles cachent une très grande pauvreté. Des enfants de 5 ans ont quasiment perdu toutes leurs dents par manque d’hygiène.
Cependant ces îles ne sont pas montrées et le tourisme se développe de manière malsaine sur le Lac.
Puno est la région du Pérou qui compte le plus de touristes. C’est aussi paradoxalement la région la plus pauvre. La corruption y est grande, et la redistribution y est rare.
Lorsque des bateaux d’agence de voyages débarquent sur les îles pour déposer une flopée de visiteurs, les habitants des îles ne voient pas la couleur des billets. C’est comme si on déposait des touristes dans nos jardins qu’ils le piétinaient et repartaient, sans que l’on puisse percevoir une quelconque compensation de l’agence de voyage. Pour essayer de profiter du tourisme, les habitants des iles Uros mettent à la vente leur artisanat. Et insistent, insistent, insistent pour que les voyageurs achètent un souvenir. Il arrive alors un moment où l’on peut se sentir harcelé. Pourtant, il faut comprendre que la vente d’un tressage en paille ou d’un tissage est en général le seul revenu des habitants des îles. Cette insistance est en fait, une question de survie.



Abraham fait partie d’une famille qui a décidé de sortir de ce cercle vicieux. Ils proposent eux même aux touristes d’aller les chercher à Puno et les accueillent deux jours et une nuit sur les îles. C’est l’occasion d’aller apprendre à pécher et à couper la totora. Une forme de tourisme solidaire. C’est dans cette famille que nous avons croisé Milagros, (Miracle), une petite quechua de quelques mois.


Le lac Titicaca comporte également des îles « en dur », non flottantes, des îles telles qu’on a l’habitude de connaitre. Taquile et Amantani. Sur Taquile les femmes filent la laine, et les hommes tricotent. L’air est serein, cette petite ile semble hors du temps. Le bleu méditerranéen nous fait oublier que nous sommes à plus de 10 500 kilomètres de chez nous.


 
Deux jours plus tard, nous sommes à Arequipa et décidons de partir pour le Canyon de Colca. Le deuxième canyon le plus profond du monde. Pour l’atteindre il faut prendre plusieurs bus et les horaires sont contraignants. Il faut préparer son excursion, afin de ne pas rester bloquer dans un village étape en attendant le bus du lendemain. Les gares routières sont bondées, on y trouve de tout, et même des chèvres, qui voyagent avec nous dans les bus. Bonjour les odeurs !




Le canyon est impressionnant, on y croise quelques péruviens qui à chaque fois, nous dépassent ! Nous sommes chargés de sacs de 15 kilos, mais les péruviens, de bien plus. Marcher à une telle altitude, à une telle vitesse, doit être une question d’habitude…



Quelques villages existent autour du canyon. Ils ne sont atteignables qu’à pied. Tous les matériaux et objets y ont donc été apportés à dos de mule. Ces hameaux meurent doucement, les jeunes partent pour la ville et bientôt ils seront complétement à l’abandon. Nous croisons la route d’une vieille femme au visage buriné par le soleil et en costume traditionnel de la région de Colca. Elle tient à ce que Michaël l’a prenne en photo. A quoi pense-t-elle?


Après le canyon, nous effectuons un passage rapide par Arequipa, et retournons sur Lima pour prendre un bus en direction de la cordillère blanche. Chavin de Huantar est la prochaine destination.



Chavin de Huantar comporte un site archéologique et un musée. Nous avons décidé d’y passer la nuit. Après nos visites, nous avons arpenté les rues du village. Le temps semblait s’être arrêté. Des paysans menaient leurs animaux aux près, des enfants jouaient dans les champs, des femmes vendaient de la canchita (maïs grillé) et des mélanges épicés, d’autres tricotaient au bord de la route afin de pouvoir observer le peu d’animation qu’il y avait dans la rue.











Huaraz, aux pieds de la cordillère blanche est une plus grande ville. Il y a plus d’activité, plus de passage. Les chapeaux des femmes sont différents de ceux que nous avions pu voir à Colca ou à Cuzco. Ils sont hauts de formes et un mouchoir en tissu, plissé en forme de coquillage, est cousu dessus. Chaque région possède son propre chapeau et son costume, son identité culturelle en quelque sorte. Chapeaux brodés, chapeaux melon, hauts de formes, bonnets tricotés, jupes unies, jupes brodées… : les couleurs et techniques sont multiples. Les jupes portées par les femmes sont confectionnées de plusieurs volants pour un volume parfois impressionnant.







Sur le chemin de la Laguna Churup les habitants nous guident. L’un nous dit qu’il y a une heure de marche pour arriver à La Lagune. Le deuxième nous répond qu’on en a encore au moins pour trois heures. Les enfants, croisés un peu plus loin, nous avertissent qu’il reste 5 heures de marche. Rien n’est clair et il est difficile de savoir qui dit vrai.
Finalement après 5 heures de marche nous arrivons à la lagune.
Ne dis-t-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ?







Retour à Lima : point d’arrivée, point de départ, point de passage. Souvent négligée par les voyageurs c’est pourtant la ville la plus représentative du pays. On y croise la mixité péruvienne : afro-péruviens présents depuis la traite coloniale, péruviens de descendance japonaise ayant émigré il y a trois générations, péruviens brulés par le soleil originaires des hauts plateaux, péruviens à peau claire, voire blanche issus des familles de colons espagnols. L’histoire du pays se lit dans la population de la capitale et son architecture, composée de quartiers très aisés, mais aussi très pauvres, de buildings, de maisons coloniales, de baraques en palettes.
Colorée mais sombre, citadine au bord de mer, Lima est le miroir de la société péruvienne.







10 commentaires:

  1. Excellent reportage ! Tu nous emmène dans un superbe voyage !
    AMT. Janick

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  2. pierre tichadou1 avril 2014 à 10:19

    un excellent reportage, merci pour le dépaysement

    tich

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  3. Vraiment un très gros et bon boulot, bravo. Un plaisir de revoir certaines pépites, et d'en découvrir de nouvelles. Et puis un voyage qui fait très très envie. Je te demanderai peut-être les coordonnées d'Abraham un de ces jours, c'est une destination qui est dans mes projets.

    Chapeau !

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  4. super Mik , extra , un plaisir en images et textes

    MERCI pour cette promenade

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  5. Quel regard !
    Bravo et merci pour le partage.
    Respect l'ami.

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  6. Magnifique reportage, tant de souvenirs, et de très belles photos.

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  7. Superbe ! Merci pour ce partage ! Juliette

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  8. Merci pour cette série qui donne parfaitement l'ambiance du pays,épaulée par un commentaire très instructif

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  9. Grand merci Mick
    tu nous y emmènes direct!!
    José Manuel

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  10. Très beau travail!
    De belles photos, comme d'habitue ;-)

    Grechtori...

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